Afrique Niger

Issoufou reste fidèle à ses principes : Pas de 3ème mandat au programme

Publié le vendredi 21 août 2020, par Gabinho

C’est exceptionnel quand on sait que dans une Afrique où la tentation de conservation du pouvoir semble être à la mode, le nigérien Mahamadou Issoufou lui, a résisté à cette tentation de briguer un 3ème mandat. Son cas exceptionnel nous intéresse du fait qu’il a fait enfermer deux de ses partisans qui l’appelaient à briguer un 3e mandat.

Le président nigérien Mahamadou Issoufou a réitéré son engagement de respecter la Constitution nigérienne en ne cherchant pas à briguer un troisième mandat en 2021.

M. Issoufou a été élu à la tête du pays en 2011, puis réélu en 2016 pour un second mandat de cinq ans qui arrivera à terme en 2021, conformément à la Constitution.
« Je suis en train d’exercer mon dernier mandat. En 2021, j’organiserai des élections transparentes et passerai le témoin à celui que les Nigériens auront choisi », avait-il assuré dans une interview accordée au magazine Marchés africains en 2017.

Ainsi, s’il arrive à respecter cet engagement, ce serait pour la première fois depuis 1960 qu’il y aurait un passage de témoin de manière pacifique au Niger. « Ce serait un événement historique pour le Niger et j’espère que j’aurai la chance de rentrer dans l’Histoire comme étant le premier président du Niger qui aura passé, de manière pacifique, le témoin à son successeur », avait confié le président Issoufou
Le Président nigérien a pour ce faire désigner comme dauphin Mohamed Bazoum pour l’élection présidentielle de 2021. Aussi, quelles que soient les circonstances qui pourraient s’y prêter, l’homme fort de Niamey n’est nullement prêt à faire un rétropédalage pour rempiler pour un mandat supplémentaire. Cependant, deux de ses partisans qui ont voulu dérouter le Président Issoufou l’ont payé au prix de leur liberté.

En effet, deux acteurs de la société civile nigérienne ont été arrêtés, jugés et condamnés, en juin 2018, pour avoir, via les réseaux sociaux, appelé Mahamadou Issoufou à se présenter pour un 3e mandat. Pour se justifier, « Nous sommes de jeunes citoyens qui ont apprécié pendant huit ans les actions de développement du président Issoufou Mahamadou ». Mais cette proposition « anticonstitutionnelle » de Salissou Ibrahim et Issoufou Brahleur leur a coûté la liberté.

Pour le président, « Un troisième mandat au Niger signifie un coup d’État. Nous sommes un parti qui a comme ambition de stabiliser le pays pour progresser. » Et d’ajouter : « J’ai beau chercher, je ne trouve aucun argument qui justifierait que je me sente irremplaçable ou providentiel. Nous sommes 22 millions de Nigériens, pourquoi aurais-je l’arrogance de croire que nul ne peut me remplacer ? »

Cette décision irréversible du Président Issoufou laisse le journaliste Serge Bilé totalement abasourdis. « Un président africain qui emprisonne ses opposants, c’est malheureusement monnaie courante. Un président africain qui emprisonne ses propres partisans, c’est beaucoup plus rare. Un président africain qui emprisonne de fervents supporters, parce qu’ils l’ont supplié de rempiler pour un troisième mandat, ça n’existe pas, excepté au Niger », a déclaré le présentateur vedette de RFO.

Cette posture du chef de l’Etat nigérien à ne vouloir briguer un troisième mandat non autorisé par la constitution de son pays, n’est malheureusement pas monnaie courante en Afrique. C’est le cas de ses homologues Faure Essozzimna Gnassingbé Togo, du Professeur Alpha Condé de la Guinée Conakry ou encore Alassane Ouattara de la Côte-d’Ivoire, qui de par leur candidature à un 3ème mandat controversée, suscite des manifestations meurtrières.
Yvette S. /T228