Une litanie de souhaits de Frédéric Gakpara remise au goût du jour, 5 ans après

Il s’agit d’une lettre ouverte publiée 5 ans plus tôt alors que Faure Gnassingbé ouvrait son 3ème mandat. Constat, c’est que les souhaits émis à l’époque par l’artiste, écrivain et promoteur culturel restent toujours d’actualité. Comme quoi, les lignes n’ont pas pour autant bougé... Lisez !

Lettre ouverte au Président de la République
Une litanie de souhaits de Frédéric Gakpara pour le nouveau quinquennat de Faure Gnassingbé
Publié le mardi 9 juin 2015

Dans ce courrier adressé au Chef de l’Etat togolais, il est constaté que l’artiste, écrivain et promoteur culturel, Frédéric Yao Gakpara émet une longue liste de souhaits de ce qu’il attend de ce nouveau quinquennat confié au Chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé. De la politique, à la culture en passant par le social, l’économie, l’agriculture, les finances publiques… et la gouvernance en général, il n’a pas caché ce qu’il entend voir le nouveau gouvernement régler. « Je souhaite,… je souhaite beaucoup de choses, Excellence Monsieur le Président. Je souhaite beaucoup de choses pour notre pays durant les cinq prochaines années. Je souhaite que vous concédiez tout en votre capacité et pouvoir pour redonner de l’espoir à votre peuple désabusé et las », c’est finalement en ces mots que se résume cette lettre ouverte de l’artiste humoriste togolais. Dans les lignes qui suivent découvrez le contenu intégral de la lettre.
Lomé, le 09 juin 2015
JE SOUHAITE,
Excellence Monsieur le Président,
Je souhaite que votre prochain gouvernement soit celui de technocrates et de panafricanistes.
Technocrates car il faut pour notre pays, améliorer durablement la qualité de vie de ses citoyens, sans regard partisan ni calcul politicien.
Panafricanistes car il faut pour notre pays, s’inscrire dans un bloc d’intérêt culturel, économique et géostratégique continental, face à la prédation des puissances mondiales en crise énergétique et financière.
Je souhaite que votre nouveau gouvernement s’attèle à équiper tous les centres hospitaliers du pays en énergie solaire, en matériel de normes modernes et en ambulance.
Je souhaite qu’il se crée durant ce quinquennat, autant de casernes de sapeurs pompiers que de postes de gendarmerie que compte déjà notre pays.
Je souhaite que le pouvoir d’achat des travailleurs de tout secteur soit relevé selon leurs réels mérites pour offrir le bien être à la famille togolaise.
Je souhaite que, pour un service compétitif en qualité et en prix au bénéfice du consommateur, votre nouveau gouvernement ouvre le marché des télécommunications à d’autres opérateurs, car le Togolais dont le revenu est des plus bas du continent, reste celui qui paye plus cher sa communication en téléphonie et en internet.
Je souhaite qu’une politique d’investissement soit menée prioritairement et préférentiellement en direction des opérateurs économiques togolais du pays et de la diaspora, pour faire face à la crise du chômage et prendre nous-mêmes, fils et filles du Togo, le contrôle de la souveraineté économique et monétaire de notre pays, comme le Nigéria qui en donne le meilleur exemple sur le continent.
Je souhaite que la diplomatie de votre nouveau gouvernement soit plus entreprenante au profit de la représentativité des Togolais dans les institutions internationales et au profit de la conquête des marchés économiques et culturels continentaux et intercontinentaux par nos compatriotes.
Je souhaite que votre projet d’émergence du pays trouve son socle sur la formation des hommes et des femmes intègres, dignes, cultivés, motivés et ambitieux, qui porteront des projets novateurs et penseront la politique infrastructurelle du pays de façon révolutionnaire sur les cinquante années à venir.
Je souhaite que tout projet dont la réalisation impliquerait des dettes envers des multinationales au-delà d’une mandature présidentielle, donne d’abord lieu à des débats publics et parlementaires, car il ne serait pas bienséant d’endetter des générations futures sur des projets qui n’auraient pas eu l’aval de la majorité des citoyens.
Je souhaite que vous meniez une politique agricole de production de qualité et à grande échelle pour satisfaire le besoin national et passer à l’exportation comme le Burkina-Faso, pays enclavé et défavorisé par son climat, qui pourtant exporte, notamment vers le Togo, des produits vivriers, de la viande,… et qui arrive à maintenir le prix des poissons de consommation populaire paradoxalement plus bas qu’au Togo, pays côtier.
Je souhaite que le monde rural ne soit plus la "vache-à-lait-mal-nourrie" du monde urbain, mais un partenaire qui gagne aussi à tous les niveaux de projets de développement structurels et infrastructurels.
Je souhaite que la culture, l’éducation, la santé et le social passent au devant du débat public, en prenant le pas sur les polémiques politiques qui n’en finissent pas dans notre pays.
Je souhaite que le Fonds d’Aide à la Culture passe le cap du milliard de financement annuel pour porter efficacement la culture togolaise sur le marché international des arts et pour que l’agenda culturel officiel du Togo en trouve les ressources d’offrir au monde, le label d’un pays stable et vivant, capital par excellence de grands événements internationaux.
Je souhaite qu’une réforme de l’éducation se fasse, portant l’identité culturelle, la culture du talent, la créativité et l’entrepreneuriat au cœur du programme scolaire afin de produire des créateurs d’emploi et non des demandeurs d’emploi.
Je souhaite pour notre pays, producteur de ciment, de fer, de gravier, de bois,… qu’aucun enfant n’ait plus à passer sa scolarité sous des abris d’infortune en guise de classe ou sur des mottes de terre en guise de banc, à quelque coin ou recoin du territoire, ni à subir les affres de quelque crise que ce soit, car l’enfant se doit d’être sacré dans notre projet de société.
Je souhaite que la jeunesse estudiantine se trouvant dans sa grande majorité en situation de précarité existentielle dramatique et victime, de ce fait, d’abus de personnes malveillantes, soit systématiquement soutenue par des subventions et des crédits d’études et soit particulièrement protégée par la législation.
Je souhaite de votre gouvernance, un programme d’accès gratuit à l’internet pour tous les élèves et étudiants, ainsi qu’une détaxation du livre, du matériel informatique et de tout autre outil contribuant à la formation et à l’information ; le savoir étant d’utilité publique et partie intégrante des droits fondamentaux de l’Homme.
Je souhaite que la politique sportive à venir donne des chances équitables à toutes les disciplines sportives au même titre que le football et que ce dernier soit aussi fondamentalement assaini des réseaux de personnes corrompues et antipatriotiques qui le tiennent en otage, afin de mettre fin aux spectacles animalesques que notre pays offre aux yeux du monde à chaque compétition internationale et dont certains ont malheureusement coûté des vies humaines à notre nation et brisé à jamais le rêve de nombreux sportifs.
Je souhaite que votre gouvernement s’exprime davantage sur les crises nationales et internationales, se positionne en faveur de la géopolitique panafricaine et défende l’intégrité, les droits et les intérêts des peuples africains.
Je souhaite que votre nouvelle équipe fonde ses principes de gouvernance sur la culture de la justice, de l’équité, de l’excellence et du mérite, pour dissiper les frustrations, ressusciter la foi en notre pays et réengager la population active dans la dynamique compétitive.
Je souhaite,… je souhaite beaucoup de choses, Excellence Monsieur le Président. Je souhaite beaucoup de choses pour notre pays durant les cinq prochaines années. Je souhaite que vous concédiez tout en votre capacité et pouvoir pour redonner de l’espoir à votre peuple désabusé et las.
Je souhaite enfin que la sagesse divine vous guide et que la paix divine soit manifeste en votre demeure pour votre bonheur et celui de votre famille.
Frédéric GAKPARA
Artiste, Ecrivain, Promoteur culturel